Au matin du 3 Juin 1963, les collégiens de Saint-Joseph furent extrêmement surpris et profondément affligés en apprenant que le Cher Frère Joseph n’était plus parmi les vivants. Cette mort inopinée affecta spécialement les élèves de 9e A et les yeux de plusieurs s’humectèrent de larmes en pensant à telle incartade capable d’avoir contribué à 1’arrêt d’un coeur si magnanime.
Le lendemain, les maîtres, les élèves et de nombreux amis du Collège assistèrent aux funérailles du Cher Défunt et un imposant cortège achemina vers la cimetière. Là des centaines de mains se tendirent pour soulever ou toucher le cercueil et le déposer au tombeau. Lorsque le caveau se ferma et que la verdure et les fleurs jonchèrent la dalle, tout ce monde d’enfants supplia Dieu d’ouvrir le ciel à l’âme du Cher Frère Joseph, pour la nimber de l’étincelante couronne promise aux éducateurs de la jeunesse.
L’histoire du Cher Frère Joseph est celle du Collège dont il porte le nom. Durant 43 années, il s’est dévoué à l’instruction et à l’éducation des grands collégiens. Il a participé à toutes les activités marquant les jours fastes de l’établissement et dans ce pays qu’il avait fait sien il a applaudi à l’oeuvre éminemment créatrice du Gazi Atatürk qui a aiguillé la Turquie vers la prospérité et la grandeur.
Le maître était de ceux dont l’ardeur ne fléchit point. A 1’instar d’un vaillant capitaine, il se trouvait toujours au poste voulu par le devoir et montait la faction: à l’étude, sur la cour, au réfectoire, au dortoir ou recevait souriant, en sa bibliothèque. En classe, les leçons portaient l’estampille de la clarté et de la précision, elles suscitaient l’intérêt, éveillaient toutes les énergies potentielles de l’esprit et du coeur et conduisaient au succès. Son indulgente bonté, sa patience inaltérable et son constant dévouement lui avaient conquis tous les coeurs.
Les lettres de condoléance émanant de Hautes Personnalités, fières de compter parmi ses anciens, témoignent d’une estime atteignant la vénération . Les lignes suivantes, extraites d’écrits venant de Tunis, d’Helsinki et de Paris, en sont l’éclatante preuve :
“Le rappel à Dieu, du Cher Frère Joseph, met en deuil le Collège, mais aussi tous ceux, qui comme moi, ont eu le privilège d’être ses élèves.”
“Le Cher Frère Joseph, s’était consacré au service du Tout-Puissant, mais aussi à la noble tâche d’éduquer la jeunesse de mon pays. Les générations qu’il a formées, conserveront avec piété, émotion et gratitude, le souvenir de leur respecté et aimé professeur.”
“Frère Joseph a été mon professeur et de plus un ami, un père et je lui dois beaucoup.”
“Sa modestie, son calme, sa patience finissaient par subjuguer les garçons les plus turbulents et il faisait d’eux des élèves calmes et équilibrés.”
“J’ai été extrêmement ému par le décès du Cher Frère Joseph dont la bonté, la haute et simple humanité imposaient le respect et l’admiration.”
“S’il est une consolation, dans cette tristesse, je la trouve dans cette croyance musulmane, enseignant que les âmes vraiment saintes sont rappelées à Dieu pour vivre des jours de gloire et de fête.”
“Je m’incline devant la haute et noble mémoire du Cher Frère Joseph qui, jusqu’à son dernier souffle s’est sacrifié pour éduquer les jeunes de Turquie.”
“Palmarès 1964”
23.09.1900 – 03.06.1963