Réformes

Les Réformes d’Atatürk

Les réformes entreprises par Atatürk jusqu’à sa mort en 1938 entraînèrent des transformations politiques, économiques et culturelles profondes. Le régime républicain renforça sa légitimité fondée sur le suffrage universel et le principe de la souveraineté nationale, ce qui n’allait pas de soi dans un pays de tradition islamique où, de tout temps, l’autorité légitime ne pouvait appartenir qu’à Dieu, le prince l’exerçant en son nom. Les réformes culturelles, touchant à tous les aspects de la vie publique et privée, visaient à créer une nouvelle citoyenneté et une nouvelle identité nationale.

Abolition du Sultanat

Le 1er novembre 1922, la Grande Assemblée de Turquie abolit le sultanat après un discours du Gazi (Victorieux: titre honorifique) Mustafa Kémal qui restera dans les annales.

En 1923, la République est instituée. La même année, les puissances occidentales reconnaissent la Turquie dans ses frontières et, ce qui va créer un précédent dont s’inspireront de nombreux pays candidats à l’indépendance, la traitent en égale. “L’homme malade de l’Europe” est le premier pays à se libérer du joug des empires coloniaux, l’histoire du XXème siècle vient de commencer!

Abolition du califat en Turquie

Le Calife pouvait au nom de l’islam s’opposer a toute innovation, alors on a aboli le Califat (3 mars 1924) Mustafa Kémal, qui rendait en partie responsable du déclin turc un islam dénaturé et rétrograde, fit adopter un certain nombre de lois et de mesures résolument antireligieuses: suppression des établissements d’enseignement religieux, des tribunaux musulmans, du mariage religieux en tant que mariage légal, interdiction des ordres, des confréries, du port du fez et de tout costume religieux. Les députés turcs votent l’abolition du califat. La Turquie devient le premier Etat laïc du monde musulman.

Réformes dans l’éducation nationale (mars 1924)

L’enseignement est arraché à la religion. Toutes les écoles religieuses sont abolies ou laïcisées et seront ensuite rattachées au Ministère de l’Education Nationale. Les programmes et les méthodes pédagogiques s’inspirent des systèmes en usage en Europe.

Réformes vestimentaires


La constitution adoptée le 30 avril 1924 institua un régime parlementaire à chambre unique, élue pour quatre ans au suffrage direct. La polygamie est mise hors la loi. On a imposé le port de la casquette au lieu du fez traditionnel (coiffure symbolisant la soumission au régime Ottoman) et du voile sont interdits en décembre 1925. Adoption entre autre du chapeau occidental à la place du fez ottoman.


Les Codes

Un code civil et pénal inspirés des modèles occidentaux sont institués, le mariage civil est rendu prépondérent sur le religieux (1926). L’Islam n’est plus la religion officielle, l’Etat se veut laïc, on interdit les confréries religieuses qui pour certaines étaient des foyers de contestation politique. Adoption du Code Civil suisse, Du Code Commercial allemand, du Code Pénal italien, du Calendrier grégorien et des Unités du système international.

Les droits de la femme turque (1926-1934)

Depuis, la femme a acquis des droits identiques à ceux de l’homme. La polygamie est interdite, de même que la répudiation prononcée par le mari. Bien plus, pour abroger l’inégalité des sexes, le Gazi lui accorde des droits politiques (elle peut voter et se présenter comme candidate aux élections) et lui permet de se soustraire à des traditions surannées. Les femmes, qui ont beaucoup contribué à la guerre d’indépendance, acquièrent le droit de vote ainsi que celui d’être élues en 1934, 11 ans avant les Françaises. Kémal instaure l’égalité des sexes.

Révolution des Signes (novembre 1928)

En 1928 c’est la “Révolution des Signes”. Atatürk lance une réforme qui vise à purifier la langue turque des influences étrangères qui en ont fait une langue complexe, hors de la portée des gens du peuple (90% d’analphabètes). L’alphabet arabe convenant mal à l’utilisation du turc (langue ouralo-altaïque – dite agglutinante) il en a été créé un plus adapté à partir de l’alphabet latin. Il a épuré la langue de nombreux mots arabes et persans. Il est un fait que l’ alphabet arabe qui ne comporte pas de voyelles rend très mal le turc qui en utilise 8. Cela nécessite l’utilisation de signes supplémentaires et un apprentissage très long auquel beaucoup ne peuvent avoir accès. La grammaire est également simplifiée ce qui fait du turc une des langues les plus logiques qui soit que c’en est un plaisir de l’apprendre ! Il fallait le charisme et la volonté d’un Mustafa Kémal pour réussir à changer la langue de son pays qui est unique dans l’histoire. Le 16 septembre 1932, l’institut national des études de la langue turque est créé.




Les réformes économiques

“…un pays ne peut être considéré comme vraiment indépendant que s’il l’est économiquement”, M. K. Atatürk.

De très importantes mesures furent prises pour transformer l’économie, jusqu’alors soumise aux directives de l’étranger. Les sociétés non turques furent peu à peu rachetées, l’exploitation des ressources minières et des matières premières, l’industrie, placées sous le contrôle de l’État par l’intermédiaire de banques nationales; les chemins de fer furent nationalisés, les autres moyens de communication développés, l’agriculture encouragée, un embryon de réforme agraire fut mis en place, avec distribution de terres aux paysans et création d’une banque agricole destinée à favoriser la modernisation des campagnes et de l’agriculture; mais, en ce domaine, les résultats ont été limités, par suite de la faiblesse des moyens financiers disponibles et à cause de la résistance des grands propriétaires fonciers. L’indépendance en matière financière et monétaire fut assurée par la suppression des privilèges de la Banque ottomane et la création d’une banque d’État (Merkez Bankasi), qui fut aussi l’institut d’émission.

Enfin, l’accumulation économique et l’industrialisation, engagées sous la direction de l’État dans les années trente, devaient constituer le socle sur lequel s’appuieraient plus tard une classe d’entrepreneurs et un secteur privé de plus en plus dynamiques.

Réformes du Nom de Famille

L’Assemblée Nationale lui attribue le nom d’ Atatürk “le père des Turcs”. (24 novembre 1934). En 1935, une loi oblige les gens à choisir un nom de famille. On choisit alors des noms de métiers, celui du père souvent, d’où la fréquence des noms turcs se terminant par oglu [ fils(de)], construits avec des noms de lieux où des traits de caractères.


D’autres réformes

Adoption des noms patronymiques (26 novembre 1934)

Etudes d’Histoire et création de l’institut National d’Histoire