Lasalle

Saint Jean-Baptiste de La Salle

30 Avril 1651 – 07 Avril 1719

“Dieu qui conduit toutes choses avec sagesse et avec douceur et qui n’a point coutûme de forcer l’inclination des hommes, voulant m’engager à prendre entièrement le soin des écoles, le fit d’une manière fort imperceptible et en beaucoup de temps; de sorte qu’un engagement me conduisit dans un autre, sans l’avoir prévu dans le commencement.” Saint Jean-Baptiste de La Salle

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Jean-Baptiste de la Salle est né à Reims en 1651 et est mort à Rouen en 1719. A 28 ans, en 1679, il est amené à s’occuper de maîtres d’école pour les garçons pauvres de sa ville. Il n’arrêtera plus. A l’encontre les habitudes de l’époque (c’est le règne du roi Louis XIV), il fait lire les enfants en français dès le début, au lieu du latin que les écoliers ne comprennent pas.

L’enseignement est gratuit pour tous. Il accepte les riches comme les pauvres; ainsi les enfants riches et pauvres apprennent à se connaître et à vivre ensemble. Il fait lire les documents administratifs pour permettre à tous les enfants de mieux se débrouiller dans la vie. Pour réaliser tout cela il crée l’Institut des Frères à qui il enseigne les mêmes méthodes padégogiques et à qui il demande de travailler ensemble, par équipes de quatre ou cinq. Ainsi les élèves peuvent être plus nombreux dans chaque classe et être regroupés par niveaux homogènes. Mais à cette époque ils pouvaient changer de cours chaque mois.      C’était un excellent moyen pour stimuler à bien travailler.

300 ans plus tard, 7000 Frères environ dans 82 pays continuent à animer dans l’esprit de leur fondateur Saint Jean-Baptiste de la Salle, 900 établissements d’enseignement, depuis les petites écoles primaires de campagne jusqu’aux grandes universités des Philippines et des Etats-Unis. Notre lycée français Saint-Joseph Kadıköy, comme Saint-Michel de Feriköy et Saint-Joseph d’İzmir, fait partie de cette grande famille où nous comptons quelques amis privilégiés : Saint-Joseph de Dijon, de la Salle de Thessalonique, Saint-Marc d’Alexandrie et De la Salle du Caire.

Saint Jean-Baptiste de la Salle est fêté le 15 mai.

Sous le règne de Louis XIV, les villes restent enserrées à l’intérieur de leurs remparts. Dans les rues étroites, avec leurs maisons et échoppes entassées, une population bigarrée s’agite : commerçants et artisans, porteurs d’eau, charretiers et cochers, et tout un monde de chômeurs ou de mendiants de tous âges. L’hygiène est déplorable , les crises économiques et les famines sont fréquentes.

Le contraste est frappant entre les maisons populaires où le confort est celui d’une écurie et les palais aux jardins bien dessinés. Dans les premières, des familles nombreuses cohabitent ; dans les seconds, le seigneur et les siens vivent au large. Les enfants de ces maisons populaires traînent dans les rues, à n’importe quel métier tandis que les enfants des “bonnes familles” ont parfois plusieurs précepteurs à leur service.

C’est dans ce contexte social, caractérisé par l’extrême pauvreté et la richesse arrogante, par le non-droit et par les privilèges, que vit Jean-Baptiste de La Salle. Et il se trouve du côté des “privilégiés”…

1651 -1679Le 30 avril 1651, à Reims : naissance de Jean-Baptiste
Un chemin tout tracé ?Des petits pas sur la route d’un fils de bonne famille destiné à la prêtrise. 
11 ans : Jean-Baptiste reçoit la tonsure. 
15 ans : canonicat, la voie des bénéfices. 
17 ans : ordres mineurs, orientation claire vers le sacerdoce. 
20 ans : mort de ses parents, interrogations, hésitations. 
27 ans : ordination sacerdotale ; le pas est franchi.
1679-1691 : D’un engagement à un autre…1679 : une rencontre qui change tout, celle d’Adrien Nyel, venu à Reims pour y développer les écoles gratuites de garçons. Jean-Baptiste de La Salle le reçoit chez lui pour faciliter la réussite de cette mission : les premiers pas sur un chemin imprévu au service des enfants pauvres et abandonnés. 
1682 : période de famine en France ; les maîtres d’école l’incitent à une conversion aux pauvres. Jean-Baptiste partage ses biens. Les maîtres dont il s’occupe sont pauvres ; il renonce à ses fonctions et revenus de chanoine. Comme les maîtres, il n’a plus un avenir assuré. 
1686 : il s’engage à vivre avec les maîtres. 
1691 : voeu héroïque, engagement radical dans “l’Oeuvre de Dieu”.
1691 -1712 : Les turbulences1691 : Avec Nicolas Vuyard et Gabriel Drolin, Jean-Baptiste de La Salle prononce un voeu héroïque en promettant de travailler avec eux, “jusqu’au dernier vivant”, à établir l’Institut des Frères. 
Opposition des maîtres d’écoles, des curés, des évêques, pillage des écoles, procès, condamnations. En 1704, les “maîtres écrivains” de Paris exigent la fermeture des écoles lasalliennes. 
Monsieur de La Salle est destitué de sa charge de Supérieur.
1712-1714 : La nuit du douteSilence de Dieu. 
Incertitude sur la route. 
Retraite à Parménie.
1714-1719 : La lumière au bout du cheminLes Frères écrivent à Jean-Baptiste de La Salle et lui “commandent”, au nom de son “voeu d’obéissance à la société” de reprendre la direction de leur “Société”. 
Dieu fait signe.
1717 : à Saint Yon, près de Rouen, le Frère Barthélemy est élu premier Supérieur Général de la Congrégation. C’est un laïc, et non un prêtre…
7 Avril 1719Sa mort.

Un novateur en pédagogie

Jean-Baptiste de La Salle fut un novateur en pédagogie. Et surtout il sut rassembler et généraliser les trouvailles de ses devanciers. Il n’hésite pas à rompre avec des habitudes de son temps. Certes, quelques attitudes demandent aujourd’hui à être révisées, comme le caractère trop logique et analytique des méthodes, l’insistance sur le silence et sur la gravité, au détriment de la liberté d’expression et d’une saine détente.

Mais d’autres principes restent toujours valables : le caractère global de l’éducation (à la fois chrétienne, intellectuelle, pratique, morale), l’importance des bases que sont la lecture, l’écriture, le calcul, l’usage de la répétition, du contrôle régulier, etc.

Sur certains points, le fondateur des Frères est nettement en avance sur son temps.

Les principales innovations

L’enseignement simultané : Jusque-là, le maître s’occupait individuellement des enfants. Pendant ce temps, les autres restaient inactifs. Dans les classes des Frères, les élèves sont groupés par niveau (“l’ordre”).

L’apprentissage de la lecture dans la langue maternelle : Jusque-là, on apprenait à lire d’abord en latin.

Le sens pratique dans l’enseignement : Les élèves travaillent sur des contrats, des imprimés et autres documents dont ils auront à se servir plus tard.

  • Une sérieuse formation des maîtres : Ce fut chez le fondateur un souci constant. Formation tout à la fois chrétienne et pédagogique.
  • L’éducation de tout un peuple et non plus des seules élites : C’est pourquoi il insiste tant sur la gratuité scolaire.

Les idées d’avant-garde

Connaître l’enfant. Le maître s’intéresse à son milieu social et familial, chaque écolier a son dossier. Tous les mois, les élèves peuvent changer “d’ordre” ou de division, s’ils sont arrivés au niveau.

  • Adapter l’attitude éducative au caractère de l’enfant. Jean-Baptiste de La Salle écrit par exemple : “On s’abstiendra de corriger les enfants dans le commencement qu’ils viennent à l’école. Il faut commencer par connaître leur esprit, leur naturel et leurs inclinations.”
  • Faire participer l’élève à son enseignement. Le maître demande un effort personnel, pose des questions, laisse chercher l’écolier, demande des travaux pratiques (composer des problèmes, rédiger des quittances…). Le maître parle peu. Pas de cours magistraux.
  • Faire participer l’élève à la vie de l’école. On établit tout un système de services pour la communauté. 
    Par exemple :
    • le clavier : il ouvre et ferme les portes de l’école,
    • l’aumônier : il ramasse le pain et les fruits en trop pour les donner aux plus démunis,
    • le sonneur : il sonne le début et la fin des classes,
    • les premiers de banc : ils marquent les absents et jouent un rôle de leader pour leur “banc”,
    • les visiteurs des absents, deux par quartier : ils vont voir les écoliers malades, etc.

Un large éventail scolaire

Jean-Baptiste de La Salle et ses disciples n’ont pas ouvert qu’un type d’école. Ils ont su répondre, d’une manière adaptée, aux diverses demandes. Ils ont créé :

  • des écoles primaires, gratuites, organisées par classe, adaptées aux enfants (sans latin…),

des écoles normales ou “séminaires des maîtres”. C’est pourquoi on a appelé quelquefois Jean-Baptiste de La Salle “l’instituteur des instituteurs”,

  • des écoles du dimanche : rattrapage et complément de formation pour les jeunes apprentis,
  • des classes professionnelles, préparant à un métier, pour des immigrés, pour les fils des bourgeois et des commerçants,
  • des “pensions de force” pour la rééducation des enfants difficiles et des jeunes délinquants…

L’Institut Lasallien dans le monde

“Le monde lasallien est plus vaste que notre école, que notre pays, que notre continent. Nous sommes tous participants à la mission lasallienne d’éducation humaine et chrétienne, une mission vécue dans quatre-vingts pays dans le monde.

Il y a environ 1 000 000 élèves dans plus de 1000 institutions éducatives : écoles maternelles, écoles élémentaires, moyennes, secondaires, techniques, industrielles, agricoles, normales (formation d’enseignants), universités.

Il y a des programmes pour illettrés, les migrants, les nomades, les handicapés physiques ou mentaux, les jeunes avec des difficultés d’apprendre, les jeunes caractériels.

Il y a des centres de sport, et d’autres formes d’activités récréatives ou sociales.

Parmi les 1 000 000 élèves et étudiants, il n’y a pas que des Catholiques : il y a aussi des Orthodoxes, des Protestants, des Juifs, des Musulmans, des Bouddhistes, des Hindous, des Shintoïstes et des confucianistes, des membres de religions traditionnelles ou des gens sans aucune foi religieuse.” 

Ecole Lasallienne

Le mot “lasallien” vient du nom du Fondateur de l’institut des Frères des Écoles Chrétiennes : Jean-Baptiste de La Salle. Il désigne toutes les personnes, Frères ou Laïcs, enseignants, personnels administratifs ou de services, adultes et jeunes, qui s’inspirent de la pensée de saint Jean Baptiste de La Salle. Toutes ces personnes constituent la “famille lasallienne”. Nous parlons ainsi d’établissements lasalliens, de pédagogie lasallienne…

Les caractéristiques de l’école Lasallienne

  • Respect de chaque élève comme étant une personne unique
    La première caractéristique d’une école Lasallienne est le respect, la vénération même, de chaque élève comme personne unique. C’est la raison pour laquelle les frères choisissent le nom de “Frères”. En choisissant ce nom, ils veulent signifier que l’union est une chose très importante et dire le type de relation qu’eux-mêmes veulent avoir avec leurs élèves.
  • Esprit de communauté
    Un esprit de communauté doit pénétrer toute école Lasallienne. Tous ceux qui sont engagés dans l’école – les administrateurs, les enseignants, le personnel, la communauté des frères – sont membres constructifs de la communauté scolaire. Notre école doit aider les jeunes à découvrir leurs racines culturelles et en même temps à se rendre compte des richesses des autres cultures.
  • Qualité
    Une école vraiment lasallienne est une école de qualité. Quelle que soit sa nature et quels que soient l’âge de ses élèves, c’est par sa qualité qu’elle doit se caractériser. Culture, valeurs et foi doivent cultiver chez nos jeunes une soif de la vérité.
  • Solidarité avec les plus vulnérables
    La solidarité avec les plus vulnérables est une dimension essentielle de la tradition de l’Institut et par conséquent de notre mission Lasallienne. La solidarité avec les plus vulnérables n’est pas un aspect accidentel ou secondaire de l’école lasallienne.
  • Enseignants zélés
    L’école lasallienne rassemble des enseignants compétents et dévoués, engagés pour travailler ensemble d’une façon créative et constructive.
  • Organisés autour de l’histoire de St Jean-Baptiste de La Salle
    Il s’agit de former une communion internationale d’hommes et de femmes engagés, sur les pas de Jean-Baptiste de la Salle, à construire une fraternité par le moyen de l’éducation humaine des jeunes et des adultes, en particulier de ceux qui sont vulnérables.
  • La mission universelle d’une école lasallienne
    Accueillir, Comprendre, Accompagner, Eduquer, Promouvoir

La Fondation qui continue et qui associe les Frères et les laïcs dans un même amour des jeunes n’a pas d’autre issue que d’avancer. Les Frères ont l’ambition d’être promoteurs, garants et serviteurs de l’aventure qui continue au service de l’éducation humaine des jeunes et des pauvres.

Dans le monde entier

1800 établissements – écoles ou centres éducatifs
85 pays regroupés en 11 régions
7225 frères dont 1245 français, 100 au service du tiers-monde
60.000 éducateurs laïcs
1.000.000 élèves

En France

180 établissements
110.000 élèves
163 communautés de frères

En Turquie

3 établissements : Saint-Joseph İstanbul, Saint-Joseph İzmir, Saint-Michel
149 enseignants
1.825 élèves

Le prix de l’alphabétisation

En 1990, les Frères des Ecoles Chrétiennes ont reçu le prix international de l’alphabétisation

Les missions de St Jean-Baptiste de La Salle, le fondateur des “Frères des Ecoles Chrétiennes” étaient : “Fonder un institut”, “Associer les éducateurs” et finalement “Créer des écoles”.

Notre pays fait partie du District du Proche-Orient dont les responsables ont été: le frère Régis Robbe, le frère Georges Absi . Actuellement, le frère visiteur est le frère Fadi Sfeir.

Le frère supérieur est le frère Robert Schieler.

Une école peut être dite lasallienne :

  • quand il y a un respect profond pour chaque élève comme personne unique,
  • quand il y a un esprit de communauté,
  • quand l’école propose “une éducation de qualité“,
  • quand elle mérite réellement l’adjectif “humaniste“,
  • quand elle manifeste la solidarité avec les plus vulnérables et promeut la recherche de la justice et de la paix,
  • quand les personnels d’administration, d’animation, de service et les enseignants ont fait leurs les caractéristiques de l’éducation lasallienne 
  • quand la communauté scolaire est bâtie en référence à l’histoire de Jean-Baptiste de La Salle.

ASSEDIL 
Association Européenne des Directeurs d’Institutions Lasalliennes

Implantés dans 18 pays d’Europe, couvrant 600 centres scolaires (soit 900 unités pédagogiques, des écoles primaires aux centres de formation pédagogique), 300 directeurs ont adhéré à une ASSociation Européenne de Directeurs d’Institutions éducatives Lasalliennes.

Ses buts

  • Aller à la rencontre des traditions pédagogiques lasalliennes dans les divers pays
  • S’entraider mutuellement dans l’exercice des responsabilités face aux défis de la formation, de l’égalité des chances, de l’apprentissage des langues, de la mobilité
  • Accompagner les jeunes qui franchissent toutes les frontières en questionnant nos cultures, nos valeurs.
  • L’expression de notre foi. En 1997, elle compte 97 adhérents de la “Région France” (France, Suisse, Grèce, Turquie) et veut relever un triple défi:
  • La lutte contre l’exclusion,
  • La maîtrise des technologies,
  • L’identité et la citoyenneté européennes.

Bibliographie